Vivre avec une pathologie chronique ou avec un handicap, donne une place cruciale à l’accompagnement. Le soin devient parfois moins indispensable moins essentiel. C’est aussi le cas pour la surdité et si l’on pense souvent au rôle des orthophonistes pour l’apprentissage de la lecture labiale, aux outils digitaux à notre disposition dans nos smartphones, on pense moins souvent à la vélotypie, moins connue, mais pourtant particulièrement précieuse.
Si j’ai vécu presque normalement pendant 30 ans, avec une seule oreille « opérationnelle », un second neurinome, découvert en 2004, m’a fait progressivement perdre l’audition du côté qui demeurait fonctionnel.
J’avais la chance d’exercer des responsabilités qui ont facilité la prise en compte de mon handicap mais, très vite, j’ai eu besoin de l’appui de la vélotypie pour des réunions avec de nombreux participants. Cela a été une étape dont je ne soupçonnais pas l’importance. Pouvoir s’appuyer sur la lecture d’une transcription de qualité au lieu de faire des efforts de concentration, au détriment de la réflexion, m’a permis d’aller au terme de mes mandats … avec bien sûr davantage de confort … mais surtout l’assurance de ne pas faire subir les conséquences de mon handicap à l’institution que je représentais.
Cela fait maintenant une quinzaine d’années que j’utilise la vélotypie qui m’a permis de prendre de nouvelles responsabilités.
Si j’insiste sur la durée, c’est parce que j’ai été frappé par l’amélioration de la qualité ( pourtant déjà excellente) de la transcription dès lors que les vélotypistes maîtrisaient, le contexte, les spécificités du domaine, les termes techniques, les abréviations, allant jusqu’à reconnaître à la voix qui parlait, et pouvaient ainsi attribuer les propos au fil des échanges.
Malgré l’absence de contacts direct, c’est une véritable relation personnelle qui se construit au fil du temps.
La connaissance des interlocuteurs, des sujets abordés permettent, même lors des moments inévitables où un intervenant coupe la parole à un autre, oublie de brancher son micro, de ne jamais perdre le fil des échanges.
Loin d’être un simple outil professionnel, la vélotypie fait naître une forme de complicité, de familiarité, de partage qui se renforce dans la durée.
Sans mes « complices » vélotypistes, jamais je n’aurais pu conserver mes activités, ce lien social essentiel que sont les relations professionnelles.
Merci à elle d’être devenues mes oreilles, de savoir interpréter une information manquante,ou incomplète, comme j’aurais su le faire si j’entendais encore, bref d’être devenu une sorte de prolongement de moi-même.
Merci aussi, de la part de celles et ceux qui rédigent comptes rendus et procès verbaux, et qui apprécient le temps ainsi gagné en consultant les transcriptions. Jamais ils ou elles ne voudraient revenir en arrière, se contenter de notes prises à la volée, de perdre beaucoup de temps à décrypter des enregistrements …
Mieux connaître la vélotypie permet de comprendre comment un outil utile devient vite indispensable.